Pour mon retour sur le blog, je voulais faire le rapprochement entre une main jouée en début de semaine et la vie réelle.
(A préciser en préalable : Depuis un peu plus de 15 jours, j'ai enfin trouvé mon jeu favori après la "révélation" que j'attendais. Depuis toujours je sais que je suis attiré par le HU. Maintenant, c'est bon, je me sens joueur de HU plus que joueur de poker. Je pense que dans ces billets, je vous parlerai dorénavant quasi plus que de ce type de jeu en tête-à-tête, merci à Lontzac, Camile, Ramon, Bluk, Nantais, Negator... et j'en oublie sûrement, pour leurs blogs et/ou posts sur pk2p.com .)
Cette fameuse main donc :
Je suis au niveau 3 des blinds d'une finale d'un HU $5. Le gars en face est un joueur expérimenté, mais pas spécialiste du HU. J'ai l'avantage en jetons (4000 / 2000) et je viens de passer 3 bluffs agressifs en force. Il est au bouton et me min raise et avec mes deux magnifiques As, je 3bet.
Timing parfait, c'est trop beau. Evidemment il suit.
> Flop A82 arc-en-ciel
Trop belle la vie !
Je bette 75% du pot et il suit. Il commence à y avoir du jeton au milieu. Je sens la fin du match proche. Je ne le lis pas bien, il peut être sur un A, un K, un bon 8, K8... Peu importe en fait.
> Turn 2
Houla, je sens un truc pas net qui se dessine...
Je Checke et insta all-in en face.
A ce moment, je le mets sur une paire de 2 et je lance dans le chat : "22 ?". Il répond "no". Quoi qu'il arrive, je suis devant, à moins d'un A2 qui ne serait vraiment pas de chance ou 82 houla non. Bref, no choice de toute façon, je calle et mon sixième sens me crie "NOOOOOOOON !!!!!!!"
> Ses cartes ? T2o. Le mec à tilté et il a touché son brelan de 2, face à mon brelan d'As, excellent ! Et là, mon sixième sens me souffle : "Regarde donc cette rivière". Un magnifique 2 vient compléter le tableau pour un carré de 2 venu de mars (au moins).
Et alors ? Me direz vous. ènième histoire de Bad beat. Oui, mais tout ça pour vous faire remarquer qu'il y a des situations dans la vie ou on fait tout parfaitement. Toutes vos décisions sont bonnes, vous avez tout anticipé, même la chance semble être avec vous. N'avez-vous jamais ressenti cela ? Quand vous avez l'impression de tout maîtriser, presque l'impression d'avoir une emprise sur les choses, les événements, les personnes...
Jusqu'au dernier moment et là, arrive une chose. LA chose. Le petit grain de sable qu'on avait fini par oublier tellement on était le roi du monde, et qui fait tout sombrer.
Je me suis aperçu qu'au Poker, ce genre de choses ne me dérageait plus. J'ai pris ce 2 calmement en me disant que j'allais devoir batailler pour revenir. Point. "That's Poker" comme on dit.
Et bien si on arrive si facilement à dire "That's Poker", il est 1000 fois plus difficile de se résigner à dire "That's life" quand nécessaire. Par exemple :
1 - Avoir planqué 6 heures dans un arbre sous la pluie à 5° pour faire une photo animalière, lumière parfaite, endroit idéal, repérage parfait, matos nickel, planque idéale. Tout est nickel et... rien, pas un chat, pas même une puce ce jour là. Se résigner à ranger son matos... Et une nuée de flamants roses vient inonder le soleil couchant qui se pare juste à ce moment-là d'une teinte rouge-rose incroyable... "That's life !" ? Eh ben non, on ressort le matos à toute berzingue tout en sachant que c'est trop tard et bing, l'objectif tombe 5 mètres plus bas dans la boue. Bravo.
2 - On bichonne on chouchoutte ses employés, on est un petit patron cool, on prévoit les augmentations, on discute beaucoup, on prévoit même à moyen terme d'ouvrir un bureau dans une autre ville pour rapprocher ses employés de leur famille. Et zou, au moment où on a le plus besoin d'eux et juste quelques mois avant de signer pour ce nouveau bureau, ils vous apprennent qu'ils ont trouvé un job dans une autre boîte là où vous comptiez les installer... "That's life !"... Et ben non, on essaie de voir ce qu'on peut faire. "J'aimerai une augmentation" "(Argl) OK". Et cette augmentation ne sert en fait qu'à mieux négocier son futur salaire chez le concurrent.
Toute proportion gardée, je pense que le poker est un petit concentré de vie : on essaie de s'en sortir. L'adversaire n'est juste que la synthèse de notre environnement qu'il faut réussir à dominer pour survivre, attendre ses objectifs ou réaliser ses rêves. Les cartes sont cette part de notre existence qui fait qu'on ne sait JAMAIS de quoi demain sera fait. "La vie c'est comme un chocolat" disait Forrest Gump. Ce à quoi je réponds aujourd'hui : "La vie, c'est comme un HU". Cruel, plein de surprises, de bonnes, de mauvaises. Et qu'il faut parfois savoir lâcher prise.
On peut apprendre à dire "That's Poker" sereinement en 1 an de jeu. Mais l'important, c'est sans doute d'arriver à décliner en "That's life !". OMG que j'aime ce jeu !
PS: Bravo à LeSage. "That's Poker !"
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